Moonfall
En mission dans l’espace, l’Astronaute Brian Harper croit apercevoir une monstrueuse entité au cours d’un incident entraînant la mort d’un de ses collègues, mais sa version des faits n’est pas confirmée par Jocinda Fowler, le troisième membre de l’équipage, ce qui vaut à Brian d’être considéré responsable. Dix ans après, alors qu’il accumule les problèmes, entre un divorce, des dettes et un fils délinquant, Brian est contacté par un geek complotiste, K.C. Houseman. Selon lui, la lune aurait changé d’orbite et serait sur le point d’entrer en collision avec la Terre. La NASA, qui a également détecté l’anomalie, envoie une mission vers la lune. Mais, comme il y a dix ans, l’équipage est attaqué et tué. Mais la sonde qu’ils ont eu le temps d’envoyer confirme la théorie de Houseman, selon laquelle la lune serait une mégastructure creuse artificielle...
Roland Emmerich restera sans doute dans l’histoire comme le réalisateur ayant commis le plus de dégâts sur Terre dans ses films (et malheureusement, personne ne se souviendra de Stargate, le film excellent à l’origine de la série). Cela a commencé avec Independence Day, puis ça s’est poursuivi avec Godzilla, puis Le Jour d’Après et 2012 ! Après la quasi destruction de l’humanité par une nouvelle ère glaciaire, puis par une montée des eaux digne du déluge de la Bible, on aurait pu penser que ce Moonfall serait consacré à une nouvelle catastrophe naturelle, une version lunaire du thème désormais éculé de la chute d’un astéroïde menaçant l’humanité d’une totale extinction. Mais en fait, il s’agit d’un retour à la SF !
Comme d’habitude, Roland Emmerich en profite pour détruire une bonne partie de la planète, les catastrophes se multipliant au fur et à mesure que la Lune se rapproche, allant de gigantesques tsunamis à des anomalies gravitationnelles en passant par des "fuites" de notre atmosphère... Et son expérience en la matière, alliée à un budget confortable de 150 millions de dollars, font de Moonfall un divertissement acceptable... sous réserve de ne pas être trop regardant pour ce qui concerne le scénario.
Avec quelques valeurs sûres d’Hollywood à l’affiche (Patrick Wilson, qu’Emmerich venait de diriger dans Midway, Halle Berry, inoubliable Tornade des premiers X-Men, Michael Pena, vu notamment dans les Ant-Man, John Bradley, bien connu des fans de Game Of Thrones, sans parler de l’inusable Donald Sutherland), le minimum syndical est assuré.
Pour le reste, le scénario a le mérite de s’appuyer sur les fascinantes théories concernant les mégastructures et autres sphères de Dyson, des concepts rarement abordés au cinéma, ce qui était plutôt une bonne base. Malheureusement, il a fallu que le scénario, co-écrit par Roland Emmerich, complique inutilement l’histoire en introduisant non pas une, mais deux IA, dont une décidée à aider les humains ! Un peu, finalement, comme il l’avait fait pour sa suite d’Independence Day, en introduisant une deuxième race extra-terrestre... Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on a beaucoup de mal à croire en cette histoire abracadabrantesque !
Le public ne s’y est d’ailleurs pas trompé, faisant de ce Moonfall un des plus gros flops de l’histoire des blockbusters. Il est donc peu probable que Roland Emmerich tourne les suites qu’il avait, paraît-il, imaginées... et c’est sans doute mieux ainsi. Il serait temps que le réalisateur se ressaisisse et s’intéresse aux scénarios écrits par des spécialistes en la matière, plutôt que de tenter de recycler encore et encore le même thème. Le public a fini par bien comprendre l’escroquerie, et le message envoyé au réalisateur est clair : le public ne le suivra plus sur ce terrain-là.