Eden Log
Le côté minimaliste (que ce soit en matière de lumière, de dialogues, de personnages) et sans concession d’Eden Log rappelle de nombreux premiers films illustres tels que Duel de Spielberg ou, dans un genre beaucoup plus proche, THX 1138 de George Lucas ou Cube de Vincenzo Natali. Espérons qu’avec le temps, Eden Log obtiendra la reconnaissance qu’il mérite ... parce que le moins qu’on puisse dire, c’est que pour l’instant ce n’est pas le cas !
Pour commencer, un coup de gueule : un bref tour d’horizon sur le net vous donnera une idée de la tendance de la critique (avec un petit "c" ...) vis à vis d’Eden Log : obscur, ennuyeux, prétentieux sont les adjectifs qui reviennent le plus souvent pour qualifier un film souvent considéré comme un exercice de style, ou comme un message politico-écologique confus. Quelle tristesse ...
Tout d’abord, Eden Log n’a rien d’obscur ... sauf peut être sur la forme ! En effet, Frank Vestiel (peut être pour des raisons budgétaires, mais aussi pour des raisons artistiques) a fait le choix du clair/obscur, d’une ambiance quasiment monochrome ... un choix parfaitement cohérent avec le scénario du film. Un scénario, précisément, qui n’a rien d’obscur, sauf pour ceux qui aimeraient tout savoir du film avant même de l’avoir vu ... Mais malheureusement pour eux, Eden Log est construit comme une énigme !
Lorsque Tolbiac (Clovis Cornillac) se réveille, il ne sait ni qui il est, ni où il est. Il comprend en revanche très vite que sa vie est en danger : il y a un cadavre près de lui, et d’étranges créatures monstrueuses semblent rôder un peu partout. Dans cet étrange univers souterrain qui semble avoir été construit par une mystérieuse organisation nommée Eden Log, une seule solution : aller vers le haut, vers la surface. En passant de niveau en niveau (comme dans un jeu vidéo ...), Tolbiac finira par rassembler les pièces du puzzle et par apprendre la raison de sa présence dans ce mystérieux labyrinthe.
Par construction, le spectateur se retrouve donc assez naturellement dans la position d’un joueur immergé dans un jeu vidéo en "réalité subjective". Car dès les premières images, on ne peut s’empêcher de se poser des questions : qui donc est ce Tolbiac ? Dans quel endroit se trouve-t-il ? Comment est-il arrivé là ? Pourquoi est-il là ? Comment sortir de là ? Et ce n’est que le début d’une longue série de questions ...
Bien entendu, c’est frustrant, voire agaçant ! Cela oblige le spectateur à être attentif, à se poser, lui aussi, des questions... A aller d’hypothèse en hypothèse ... mais sans être toutefois aussi frustrant qu’un film comme Cube, dont on ne saura jamais, à la fin du film, exactement de quoi il s’agissait ! Eden Log, à cet égard, reste finalement assez classique, et il n’ y pas à interprèter quoi que soit ... sauf pour ceux qui n’ont pas compris et qui n’ont qu’à regarder le film une seconde, voire une troisième fois ! C’est aussi ce qui fait qu’Eden Log n’a rien d’ennuyeux, bien au contraire. Chaque mot (et ils sont rares ..), chaque situation, soulève de nouvelles questions et apporte de nouveaux indices à l’énigme à résoudre ...
Est-ce prétentieux ? Ce qui serait prétentieux, ce serait de faire de ce film un message politique, philosophique, religieux ou ... écologique. Mais n’en déplaise aux critiques, une nouvelle fois, ce film ne contient aucun message ! On peut effectivement y trouver certains symboles (l’eden), certains éléments se rapportant à certaines problématiques de notre époque (les sources d’énergie) ... mais cela s’arrête là. Et ce n’est pas parce qu’il est question d’une étrange plante dans un film de SF que ce film contient un message écologique ! De la même manière qu’il serait absurde de penser que parce qu’il est question d’ouvriers exploités, ce film contiendrait un message communiste !
Eden Log est un film de science fiction, rien de plus, rien de moins. On peut certes parfois utiliser la SF comme moyen de véhiculer des messages, politiques ou autres... mais ce n’est pas une obligation, car il est de toute manière dans la nature de la SF de véhiculer des messages, puisqu’il s’agit d’une vision d’un avenir (plus ou moins) possible.
S’agit-il d’un exercice de style ? Certainement pas non plus. Le style, ici, est au service d’un scénario. Il s’agit d’une énigme à résoudre. Et si, pour une fois, on ne devine pas la fin au bout d’un quart d’heure de film, on ne va quand même pas s’en plaindre !
Eden Log, pour résumer, est donc un film à voir absolument ! Ce que la critique attend d’un film français de SF reste un mystère ... Peut être y a-t-il encore des nostalgiques d’Alphaville et de Fahrenheit 451 ? Des adorateurs de Malevil ? Des maniaques du Prix du Danger ? Des fans du Cinquième Elémént ? Chacun de ces films possédait certes de nombreuses qualités... mais ne serait-il pas temps de passer à autre chose ?
Nous avons aujourd’hui des réalisateurs comme Jean-Pierre Jeunet, François Leterrier et ... Frank Vestiel. Capables de réaliser des films aussi différents qu’un Alien 4, un Incroyable Hulk ou un Eden Log. Enfin, après des années et des années d’attente ! Et il faudrait faire les difficiles ?
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