Le Bazar de l’Epouvante (Needful Things)
Satan a de nombreux noms ... outre Belzebuth ou Méphisto, on l’appelle également Prince des Mensonges, notamment pout sa manière assez particulière d’interprèter les clauses de certains pactes ... Mais ici, on découvre une autre façon d’utiliser le mensonge, infiniment plus subtile et plus .. diabolique, dans cette adaptation d’un roman de Stephen King, qui fait partie des plus réussies !
Vous êtes une femme âgée, seule, dont le seul plaisir dans la vie est de collectionner des miniatures d’animaux en porcelaine ...
Vous êtes un enfant et vous découvrez un jour dans un magasin LA carte de joueur de base-ball que votre père rêve d’ajouter à sa collection depuis des années ...
Vous souffrez d’une maladie extrêmement douloureuse et vous découvrez un jour qu’il existe un bijou qui possède l’extraordinaire pouvoir de vous soulager ...
En supposant que vous n’ayez pas l’argent nécessaire pour acheter l’objet de votre convoitise, que seriez-vous prêt à faire en échange ? Quel service seriez-vous prêt à rendre ? Jusqu’où seriez-vous prêt à aller ?
Leland Gaunt (Max Von Sydow) est le nouvel antiquaire qui vient de s’installer à Castle Rock. Il semble posséder une capacité extraordinaire à deviner ce dont ses clients ont le plus envie, le plus besoin. Et il est toujours prêt à trouver une solution, si jamais ceux-ci n’ont pas les moyens de s’offrir l’objet de leurs rêves. Rien de bien méchant ... une farce par ci, un service par là ...
Car Leland Gaunt n’ignore rien des tension, des jalousies, des haines, des envies de revanche qui hantent ses nouveaux concitoyens. Peu à peu, méthodiquement et inexorablement, il va les dresser les uns contre les autres... jusqu’à un invraisemblable dénouement !
On retrouve avec un double plaisir dans ce film le fameux Sheriff Pangborn, un personnage récurrent des romans et films de Stephen King (dont bon nombre de romans se déroulent à Castle Rock) et l’acteur qui l’interprète, l’excellent Ed Harris (Abyss, Truman Show).
Et même si le réalisateur du film reste à ce jour un illustre inconnu... la magie du scénario (et surtout du roman de Stephen King) opère. Le tension monte. S’accumule. Sans effets spéciaux spectaculaires. Il ne s’agit après tout que de la vie quotidienne d’une petite ville américaine ... Mais telle une bombe à retardement dont on ignorerait l’heure du déclenchement, on comprend peu à peu que la situation va dégénérer en une explosion de violence qui va dépasser tout ce qu’on peut imaginer (et dont l’extrait ci-dessus donne une idée) !
Même si le film ne finit pas trop mal ... on ne peut s’empêcher de retenir la peinture assez cynique et relativement désespérée que Stephen King et le réalisateur du film dressent de leurs concitoyens. Et si la civilisation, la société dans laquelle nous vivons tous en (relativement) bonne entente, ne tenait qu’à un fil ? Et si les monstres qui sont en nous n’attendaient qu’une occasion pour se révéler au grand jour ? Et s’il suffisait pour cela d’un Leland Gaunt, d’un individu assez doué, assez pervers et assez charismatique pour dire aux gens ce qu’ils ont secrètement envie d’entendre, pour les convaincre de faire ce qu’ils ont secrètement envie de faire ?
Brrrrrrrrrr ....
C’est ça, un bon film fantastique !
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