Twilight, chapitre III : Hésitation
Ils sont revenus, ils sont tous là : Bella, la jeune constipée émotionnelle rêvant d’amour aux dents longues (1), le niaiseux bodybuildé Jacob et bien sûr le croisement réussi (? !) entre un topinambour et un vampire, Edward. Après un deuxième épisode qu’on qualifiera poliment de long métrage en demie-teinte (2), si le troisième n’était pas attendu au tournant par les cuistres railleurs, celui-ci devait tout du moins sur le papier répondre ENFIN aux attentes et autres frustrations du spectateur... tout du moins celles de son héroïne.
Las, une fois encore, ce chapitre III pourra dans le meilleur des cas être considéré comme un film générationnel mou, raté, chantre d’une mièvrerie congénitale, à réserver en premier lieu aux pré-pubères (3) tant son traitement ne ressemble à rien, ou plutôt si, à une vaste mascarade orchestrée par un réalisateur tâcheron, aussi peu inspiré que Stephenie Meyer a pu l’être en écrivant cette relecture fantastico-foireuse du trio sentimental. Contrat rempli finalement, non ?
Résumé des épisodes précédents, après deux (télé)films à espérer pouvoir enfin goûter aux lèvres de sa tubercule scintillante préférée, Bella la bougresse ne désire plus qu’une seule chose, appartenir au peuple de la nuit et tirer un trait définitif sur cette morne existence humaine sans saveur... pour vivre pleinement son amour et briller désormais de milles feux en plein soleil. Mais dans sa grande sagesse (ou archaïsme, notre presque centenaire faisant plus preuve au gré des chapitres d’une rigidité psychologique que d’une véritable maturité), Edward, toujours réticent à transformer de la sorte son aimée, avait posé comme condition sine qua non en fin du précédent film celle du mariage, et plus si affinités...
Ce schéma quasi-idyllique se voit néanmoins contrarié par deux phénomènes scénaristiques inattendus : Jacob, en plus d’en pincer pour Bella, n’est autre qu’un loup-garou, ennemi héréditaire des vampires. Dès lors, de voir sa copine de moto donner son cœur et bientôt son âme à un fade et froid topinambour, s’en est trop pour notre amérindien à poil long. Seconde épine dans le pied, le retour de la vile rousse Victoria, décidée à venger la mort de son ancien compagnon supprimé par Edward lors du premier chapitre. La rouquine ayant de la suite dans les idées, décide pour se faire de lever une armée pour semer la terreur... armée se résumant à une dizaine de vampires.
En synthèse, le film, ou ce qui s’y apparente, propose un trio amoureux qui n’a d’amoureux que de nom, un concours de poses et de regards inhabités entre deux mâles au charisme atrophié, qui atteindra son climax paroxystique lors de la scène dite "de la tente" où la tension sexuelle mormone accumulée au fil du temps laissera sans conteste sur le carreau les spectateurs les plus sensibles. Au passage, on applaudira les responsables de la version française, le sous-titre Hésitation étant l’une des plus belles arnaques du cinéma pré-pubère, car d’hésitation il n’y en a pas trace. Quant à l’utilisation de la formule "trio amoureux du pauvre", on pourra difficilement l’appliquer tant le personnage de Jacob est inconsistant et n’apparait à aucun moment comme un potentiel amoureux aux yeux de notre constipée sentimentale.
Deux heures de récit éventé et lénifiant, d’amourette pasteurisée certifiée sans rugosité et où ce troisième volet, encore plus que les deux précédents, vous fait interroger une fois de plus sur le véritable budget alloué à cette chose filmique. Pas loin de 70 millions de dollars aurait été dépensé, c’est certes peu comparé aux recettes (700 millions), mais beaucoup quand à l’écran vous avez sous vos yeux un téléfilm cheap où les quelques rares scènes d’action qui devraient représenter une part relativement importante du dit budget sont bâclées/ridicules/minables... reste dès lors les dialogues creux joués par un trio de jeunes acteurs transparents. Une interprétation dès lors au diapason, Robert Patinson confond jouer les êtres ténébreux et faire une gueule de six pieds sous terre, quant au duo Kirsten Stewart et Taylor Lautner, il ravira leurs fans, ces derniers étant toujours aussi habités par leur rôle dès qu’il s’agit d’être inspiré (aspiré ?) par le vide.
Un film mortellement ennuyeux, pire que le précédent (ce qui s’apparentait à une gageure...), en attendant le chapitre IV qui devrait normalement conclure cette saga comico-niaise (4).
(1) Enfin dents longues, c’est plutôt une image, la progéniture du prince des Carpates revue et corrigé par la mormone ne montrent que très rarement leurs crocs, des lentilles oculaires rouges et un léger scintillement au soleil suffisent à leur condition... et à nos ricanements.
(2) Comprendre que l’ennui prenait le pas sur le ridicule contrairement au premier volet.
(3) Passé 13 ans, l’émoi suscité par la dramaturgie mormone pourra en laisser plus d’un dans le doute ou sur le carreau...
(4) A vous faire passer n’importe quel épisode de True Blood pour un porno hyperviolent.
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