Pacific Rim
Dans un avenir très proche, une faille dimensionnelle s’ouvre au fond de l’océan pacifique, ouvrant le passage à des monstres gigantesques, les kaijus. Pour les stopper, une unité spéciale est créée : les jaeger, des robots immenses commandés par deux pilotes dont le cerveau est relié par un lien neural. Mais après une série de succès, les kaijus, de plus en plus puissants, reprennent le dessus. Le programme Jeager est abandonné, au profit d’un projet de construction d’une immense muraille. Mais celle-ci s’avèrant finalement inefficace, il ne reste que quelques Jaegers comme dernier rempart, alors que la puissance et la fréquence des attaques de kaijus ne cessent d’augmenter. En désespoir de cause, Raleigh Beckett, un ancien pilote ayant perdu son frère lors d’une ancienne mission, doit reprendre du service...
On ne va pas faire durer le suspense et tourner autour du pot : on a connu Guillermo Del Toro mieux inspiré. Même si le réalisateur avait déjà montré une capacité quelque peu schizophrène à réaliser des blockbusters (Blade 2, Hellboy, Hellboy 2) et des films plus personnels (Cronos, l’Echine du Diable, Le Labyrinthe de Pan), il était toujours parvenu à garder une pointe d’originalité, une touche particulière, un univers qui rendaient ses films différents de ceux des autres réalisateurs.
Mais même avec tout le respect qu’on lui doit, il faut se rendre à l’évidence, c’est beaucoup moins le cas avec ce Pacific Rim qui a tout d’un blockbuster parfaitement formaté selon les normes hollywoodiennes en vigueur.
Il faut dire que même pour un réalisateur plus que confirmé, passer d’une budget de 85 millions de dollars (Hellboy 2) à un budget de 200 million de dollars a de quoi faire réfléchir et sans doute n’a-t-il pas voulu (ou pas pu, sous la pression des producteurs) prendre davantage de risques.
Et le moins qu’on puisse dire est que le film réserve peu de surprises... Attention : l’accumulation de clichés nuit gravement au blockuster ! Et là, on est servis entre ce héros traumatisé par la mort de son frère mais dont on sait par avance qu’il finira par s’en remettre*, cette héroïne traumatisée par la mort de ses parents mais dont on sait par avance qu’elle finira par s’en remettre* et ce commandant en chef atteint d’une grave maladie dont on sait par avance qu’il ne s’en remettra pas...
Pourtant, le scénario n’était pas totalement inintéressant, avec ce lien neural nécessaire au pilotage des jaeger** et ce parti pris d’entrer très vite dans le vif du sujet en situant l’action vers la fin de la guerre, ce qui permet d’éviter les lourdeurs habituelles des débuts de l’invasion extra-terrestre. Mais le principe du lien neural est très mal exploité. Et ne nous faisons pas d’illusions : en cas de succès de Pacific Rim, les producteurs ont sans doute dans leurs cartons un projet de "prequel" nous faisant revivre les premières attaques des kaijus !
En parlant de kaiju, on appréciera au passage cet hommage rendu aux vieux films japonais des années 50, dont Godzilla fut et reste la principale tête de gondole, dans lequels des monstres géants (kaijus, en japonais) détruisaient ville après ville. Mais il faut bien avouer que Pacific Rim se contente surtout d’établir de nouvelles références en matière de gigantisme, après le Godzilla de Roland Emmerich et le Cloverfield de J.J. Abrams (dont il pourrait d’ailleurs être la suite !).
Cela ne suffit pas pour faire un film digne du talent (qui ne fait aucun doute) de Guillermo Del Toro, qui signe avec Pacific Rim, paradoxalement, un film aussi spectaculaire qu’ordinaire, en utilisant des recettes éprouvées mais éculées, jusqu’à utiliser Ron Perlman, son acteur fétiche dans un rôle à la limite du ridicule. Bref, un blockbuster de plus... efficace, divertissant mais rien de plus.
* car l’amour et la victoire des gros robots sur les gros monstres guérissent tous les blessures, c’est bien connu !
** ce qui rappelle assez étrangement les jagernautes du roman Point d’Inversion, de Catherine Asaro...