Discopath
Traumatisé dans son enfance par la mort de son père, le jeune new yorkais Duane Lewis ressent des pulsions de meurtre incontrôlables dès qu’il entend de la musique disco. Après avoir tué une jeune femme qui l’avait emmené dans une discothèque, il s’enfuit et quitte New York pour la Canada, où il tente de démarrer une nouvelle vie, sous une nouvelle identité en se faisant passer pour un malentendant, ce qui lui permet de porter un appareil qui, en fait, atténue les sons. Mais son nouveau job d’homme à tout faire dans un école de jeunes filles n’est pas le choix idéal pour échapper à la musique disco...
Sorti en France directement en DVD et VOD, Discopath fait partie de ces bonnes surprises sur lesquelles on peut parfois tomber, alors que tout porte à croire qu’on va tomber sur un nanar...
Premier long métrage de Renaud Gauthier, réalisé avec un budget famélique, quelques bouts de ficelles et des acteurs inconnus, le pitch avait en effet de quoi laisser rêveur : un psychopathe qui tue lorsqu’il entend du disco ! Même s’il est vrai que cette musique pouvait donner des envies, sinon de meurtre, du moins de donner quelques bonnes baffes à certains artistes* de l’époque, ça peut sembler un pitch un peu court pour un film...
Mais c’est aussi un pitch qui donne l’occasion à Renaud Gauthier de recréer plutôt habilement l’ambiance des années 70. Fringues et coiffures ringardes, images aux couleurs blafardes, voitures aussi lourdes qu’encombrantes... et musique disco, donc !
Du point de vue musical, le réalisateur a fait ce qu’il pouvait avec le budget dont il disposait, mais c’est plutrôt réussi. Le thème qui revient le plus souvent est celui du "Flight 76" de Walter Murphy, inspiré du fameux Vol du Bourdon de Rimsky Korsakov. On peut également entendre le Stop Ou Encore de Plastic Bertrand, ainsi que I Was Made For Loving You, de Kiss. Des choix inattendus (Plastic Bertrand était censé être un punk**, et Kiss un groupe de Hard Rock), mais qui rendent plutôt bien l’ambiance musicale de l’époque. Pour le reste, la musique signée Bruce Cameron, très inspirée (et je suis poli...) de celle de Carpenter sur La Nuit Des Masques, s’avère efficace.
Pour ce qui est des images, c’est pas mal non plus ! Certes, il faut aimer le genre "giallo" auquel le réalisateur rend hommage avec ce film, mais il faut reconnaître qu’il fait preuve d’une certaine créativité (le meurtre sous la piste de danse, par exemple) et que les scènes d’horreur, sanglantes et macabres à souhait, ne sombrent jamais dans le ridicule, grâce notamment à un Jérémie Earp-Lavergne, très crédible dans le rôle du tueur.
Et puis, il y a la cerise sur la gâteau, avec ce film en VO qui commence en anglais et se poursuit... en français de Montréal ! Par prudence, le distributeur français à choisi de sous-titrer l’ensemble du film... même la partie en français ! Mais c’est un véritable plaisir d’entendre nos amis canadiens s’exprimer avec l’accent et les expressions qui leur sont propres.
On pourra certes regretter le scénario parfois un peu sîmpliste, les personnages insignifiants des policiers à la recherche du tueur et leur enquête sans grand intérêt, ainsi que la durée très courte du film (1h21)... mais tout cela n’enlève pas grand chose au plaisir que les amateurs de slashers et de giallo pourront trouver dans ce film !
* le nain velu de Boney M, par exemple...
** il y a de quoi s’étrangler en écrivant ça, mais bon...