Bug
Un motel perdu au milieu de nulle part... une femme qui oscille entre drogue et alcool harcelée par un mari violent qui vient de sortir de prison... un homme réservé qui cache de nombreux secrets : voilà le seul et unique décor et les seuls personnages de ce film de William Friedkin (L’Exorciste, La Nurse), un réalisateur décidément pas tout à fait comme les autres.
Paranoïa. C’est à l’évidence le sujet du film, avec le personnage de Peter, cet ancien soldat (Michael Shannnon, remarquable) persuadé d’être entouré et littéralement envahi d’insectes microscopiques, les aphidiens, à l’extérieur comme à l’intérieur de son corps, persuadé d’avoir été l’objet d’expériences scientifiques de l’armée.
Paranoïa encore avec le personnage d’agnès (Ashley Judd), tellement paumée du fait de la perte de son fils et d’un mari qui la bat, qu’elle va elle-même adopter la paranoïa de l’homme qu’elle aime, qui est tout ce qu’il lui reste et qu’elle ne veut pas perdre, même si elle doit renoncer pour cela à sa santé mentale ...
Mais une paranoïa dont on finit par douter ... en se demandant quand même s’il n’y aurait pas une part de vérité derrière les élucubrations de Peter, lorsqu’on se rend compte qu’il est effectivement poursuivi et qu’un médecin militaire vient curieusement le retrouver dans ce motel (alors qu’il aurait sans doute pu envoyer la police). L’espace de quelques minutes, on se retrouve alors dans une ambiance assez "X-Filienne" ...
Et comme si cela ne suffisait pas, des images des pales d’un ventilateur, évoquant aussi bien la moiteur de ce motel que celles d’un hélicoptère, ainsi qu’une bande son nous laissant parfois entendre un bruit d’hélicoptère, au loin, comme si les personnages étaient surveillés et cernés par l’armée, contribuent à "plomber" un peu plus l’ambiance !
Un tel scénario, une telle économie de moyens évoquent davantage un premier film d’un jeune réalisateur en manque de budget que le n-ième film d’un professionnel aussi reconnu que William Friedkin. Mais quoi qu’il en soit, c’est bien d’un réalisateur de talent qu’il s’agit ! Il suffit pour s’en convaincre de regarder la scène d’amour entre Peter et Agnès. Dans 99% des cas, il n’ y a rien d’aussi "standardisé" qu’une scène d’amour dans un film hollywoodien (et généralement, elle n’apportent absolument rien à l’intrigue) ! Ici, c’est tout le contraire : il s’agit bien d’une scène essentielle du film, entre acte d’amour et contamination ...
La fin du film, avec des acteurs complètement hallucinants et hallucinés, n’apporte pas vraiment de réponse... mais c’est finalement assez secondaire ! Car la scène dans laquelle, au choix : 1) Peter fait sombrer Agnès dans la folie 2) Peter fait prendre conscience à Agnès de la nature du complot dont ils sont victimes, est un très grand moment de cinéma. Et c’est bien ça l’essentiel.
Commander le DVD ou le Blu-Ray sur Amazon et soutenir les Mondes Etranges !
Commentaires (fermé)