Isolation
Un film reçoit rarement le grand prix et le prix de la critique au Festival Fantastic’Arts de Gerardmer par hasard ... On pourrait croire au vu du scénario qu’ Isolation est une version irlandaise du Black Sheep (excellent, mais pour d’autres raisons) néo-zélandais, mais pas du tout : s’il fallait trouver une filiation à Isolation, il faudrait plutôt chercher du côté d’Alien ou de The Thing !
Une ferme paumée, en Irlande (non ce n’est pas un pléonasme !) ... Un couple tente gentiment de squatter le terrain d’un fermier. Mais ce dernier a autre chose à faire que de chasser les intrus. Sa vache est sur le point de mettre bas, mais "l’accouchement" se passe mal, très mal. Il faut dire que pour sauver son exploitation de la faillitte, il a accepté que ses bêtes servent de cobaye à des expériences génétiques, sans trop savoir de quoi il s’agit (il est fermier, pas fan de SF)...
Evidemment (sinon il n’y aurait pas eu de quoi faire un film), les expériences tournent mal et donnent naissance à une mutation, une nouvelle forme de vie redoutable et très contagieuse. D’autant plus que les porteurs de la bactérie sont indécelables et que seule leur descendance sera monstrueuse. Autant dire que c’est toute l’humanité qui serait menacée si jamais un seul être vivant contaminé sortait de l’isolation de cette ferme et parvenait à gagner une ville ...
Dans la série très limitée des mélanges réussis entre SF et horreur, il y a notamment Alien de Ridley Scott et The Thing de John Carpenter. Les deux ont beaucoup de choses en commun, notamment le huis-clos (un vaisseau spatial pour l’un, une station polaire pour l’autre) et la nature très organique de leurs créatures respectives. Isolation reproduit le même schéma, dans une ferme, avec un mutant issus d’une vache... mais il n’y a pas de quoi sourire et la contamination extra-terrestre imaginée par Carpenter, rappelons le, avait été transmise par un chien !
Que manque-t-il à Isolation pour arriver au niveau de ces deux références ? Pas grand chose ... Isolation est un film à la réalisation parfaitement maîtrisée, à l’ambiance pénible, quasiment dénué de musique et sans aucune note d’humour. C’est d’ailleurs une de ses (nombreuses) qualités, il n’est pas du tout "formaté" comme un film d’horreur classique. S’il ne restera pas dans l’histoire du cinéma, c’est simplement qu’il manque à son scénario le petit "plus" qu’on trouvait dans Alien, qu’il manque aux scènes d’horreur le petit "plus" insupportable qui à l’époque avait valu à The Thing la réputation délicieusement sulfureuse de provoquer des évanouissements dans les salles obscures...
Mais cela n’empêche pas Isolation de se révéler intéressant et redoutablement efficace ! Le film évolue agréablement (façon de parler ...) et progressivement de l’horreur initiale à la SF (car c’est bien de SF qu’il s’agit, même dans une ferme !) et les effets spéciaux, bien dosés, ne sombrent pas dans le "grand guignol". Quant aux décors ... franchement, la partie droite de l’image ci-dessous ne vous rappelle-t-elle pas certains endroits du Nostromo d’Alien ?
Billy O’Brien était un inconnu à la sortie de ce film, son premier long métrage. Il l’est encore à ce jour et c’est un scandale ! Espérons qu’il aura prochainement l’occasion de confirmer son talent ...
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