eXistenZ
Tout commence par une petite réunion de consommateurs comme il en existe tant... des amateurs de jeux vidéo sont réunis pour tester eXistenZ (avec un X et un Z majuscules), le nouveau jeu créé par Allegra Geller, la star des univers virtuels. Mais un des invités sort une étrange arme et fait feu sur Allegra et plusieurs participants. Ted Pikul, un jeune stagiaire du marketing, s’enfuit avec elle, dont la tête semble désormais mise à prix par de mystérieux ennemis, bien décidés semble-t-il à empêcher eXistenZ de sortir ...
Au cours de leur fuite, Allegra va initier Ted à ses jeux vidéos d’un genre très particulier. Et cela commence par la mise en place, à la base de la colonne vertébrale, d’un bioport, un orifice organique capable de se connecter à un pod, une créature amphibienne génétiquement modifiée contenant le programme du jeu...
Une fois équipé, Ted va rejoindre Allegra au sein d’eXistenZ. Le jeu commence. Mais quel en est l’objectif ? Et dans le monde réel, qui donc ces "réalistes" qui s’en prennent à Allegra et ont installé un bioport déficient à Ted, afin de griller le pod qui contient la seule et unique version d’eXistenZ ?
Pas de doute, on est bien dans l’univers, les fantasmes et les obsessions de Cronenberg ! Difficile de ne pas se souvenir notamment de Chromosome 3, de La Mouche et surtout de Videodrome... les organismes génétiquement modifiés sont quasiment omniprésents. Les bioports, les pods ... et toutes les étranges créatures qu’on trouve dans cette étrange usine à fabriquer des bioports, située au sein du jeu. Cronenberg va même jusqu’à imaginer une arme organique (évidemment indétectable) capable de tirer non pas des balles mais ... des dents humaines ! Evidemment, toutes ces images de chair plus ou moins manipulée, déformée, torturée peuvent mettre certains mal à l’aise...
Mais Cronenberg va plus loin, avec de connotations sexuelles tout à fait explicites. Les bioports ressemblent comme deux gouttes d’eau à ... vous verrez bien par vous-même ! Et il faut évidemment les lubrifier avant de les connecter à un pod ...
Bref, même si par certains aspects les amateurs de SF pourraient relever dans le scénario d’eXistenZ des préoccupations très "dickiennes" ... il n’en est rien, du moins dans l’intention de Cronenberg.
Certes, il joue beaucoup sur l’ambigüîté réel / virtuel, à tel point que lorsque le film se termine on ne sait plus si on se trouve ou pas dans un jeu... d’autant qu’il y a des jeux à l’intérieur d’autres jeux ! Mais le souci de Cronenberg ne porte pas sur cette ambigüité, il ne cherche pas à en sortir, c’est simplement un prétexte pour faire passer un message. Car le réalisateur prend avec ce film clairement parti et tire une véritable sonnette d’alarme, en nous montrant des univers virtuels susceptibles d’aliéner l’être humain. Et les véritables héros du film ne sont pas Allegra et Ted (ou peut être bien que si, si la fin se déroule dans le monde réel...), mais bien leurs ennemis "réalistes", qui se battent pour libérer l’humanité de son addiction au virtuel.
Servi par un casting remarquable avec notamment Jennifer Jason Leigh, Jude Law, Willem Dafoe et Ian Holm, le film serait parfait sans une fin un peu trop convenue quand même et presque trop prévisible... mais ce n’est qu’un point de détail et l’essentiel est ailleurs. L’essentiel, c’est de savoir si demain vous serez du côté des "réalistes" ou des joueurs ...
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