Looker
Le docteur Roberts, spécialiste en chirugie esthétique, se retrouve suspecté dans une affaire de meurtre concernant une de ses patientes. Celle-ci était venue le voir pour lui demander une intervention mineure, presque imperceptible... comme d’autres mannequins travaillant pour la société publicitaire Digital Matrix et qui vont elles aussi disparaître. Le docteur Roberts va alors mener sa propre enquête et découvrir que Digital Matrix a mis au point un système révolutionnaire qui lui permet de se passer de mannequins, ainsi qu’une arme d’un genre nouveau : le LOOKER...
Imaginer, au début des années 80, qu’on pourrait digitaliser le corps de mannequins pour les utiliser dans des publicités, avec un système qui rappelle étrangement les techniques de capture de mouvement utilisées actuellement dans de nombreux films, il fallait quand même le faire et il faut reconnaître cette qualité à Michael Crichton : il n’est pas le meilleur réalisateur qui soit, il n’est même pas toujours un très bon scénariste, mais il a souvent de formidables idées pour nous raconter des histoires passionnantes, que ce soit dans ses romans ou au cinéma (rappelons qu’on lui doit notamment Le Mystère Andromède, Mondwest, Runaway l’Evadé du Futur, Jurassic Park et Sphère) !
L’autre bonne idée du scénario de Looker, c’est d’avoir situé l’histoire dans le milieu de la publicité... ce qui est bon moyen de livrer, par la même occasion, une belle critique de notre société de consommation, prête à tout pour faire vendre des produits dont on n’a pas forcément besoin ! C’est aussi une assez belle manière de montrer la futilité des mécanismes de la publicité (et la nôtre en tant que consommateur), en supposant que la perfection physique des mannequins influe sur l’efficacité d’un spot...
Mais comme souvent hélas avec Michael Crichton, la réalisation n’est pas tout à fait à la hauteur des ambitions du film, qui manque de rythme et, surtout, d’un acteur charismatique ! Je n’ai rien contre Albert Finney qui, la même année, s’était montré tout à fait remarquable dans Wolfen, mais là, franchement... Plus lent, plus mou, plus insignifiant que lui, ça semble impossible ! Et si jamais Michael Crichton lui a demandé de jouer son personnage de chirugien esthétique (qui rien, donc, ne prédestinait à en faire un homme d’action) pour le rendre à la fois ordinaire et crédible, alors le premier objectif a été pleinement atteint ! Pour le second, en revanche, c’est raté, car on ne peut pas croire que quelqu’un d’aussi lymphatique puisse survivre à la moindre agression !
Heureusement, il reste l’idée fascinante de ce pistolet "looker" (Light Ocular-Oriented Kinetic Emotive Responses), malheureusement pas très bien exploitée ... et cette scène finale où virtuel et réel se mélangent d’une façon assez surprenante, surtout pour l’époque où le film a été réalisé.
Tel qu’il est, Looker reste donc une curiosité qui mérite le détour, même si elle s’avère un peu décevante...Mais avec un peu d’imagination, on se dit que voilà un film dont on pourrait sans doute faire un remake excellent, avec des effets spéciaux dignes de ce nom et une réalisation un peu plus musclée !