Extrait de Dédale Vers l’Empyrée
Résumé officiel (dernière de couverture) : Le Malaise foudroie sur Terre. Les survivants s’organisent comme ils le peuvent, se comptent dans l’angoisse sans savoir si demain les rassemblera encore. Epidémie de déprime, suicides, multiplication des internements psychiatriques... De toute façon, quand est survenu le "décembre noir", tout le monde a su qu’il était bien trop tard. Mais c’était sans compter sur l’Organisation, le pouvoir en place, qui déporte et expérimente : il fabrique l’homme de demain. Depuis une communauté d’insurgés s’organise une fuite éperdue. En rédemption, Vernon embarque Léa, Gianlucca et les mômes trafiqués, au péril de leurs vies, pour découvrir la vérité...
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Dédale Vers l’Empyrée Cédric DESSEAUX
EXTRAIT P. 118-128
L’odeur est insupportable.
Main sur la bouche, Vernon et Léa suivent leur guide jusqu’au fond du grenier. Le faisceau de la lampe-torche sonde un méandre de meubles amassés recouverts de draps.
De linceuls, devrait-on dire…
Durando interrompt brusquement son cheminement. Son visage blême accapare toute l’attention de Léa. Prostrée, celle-ci est aussitôt saisie aux tripes par les vibrations d’angoisse émises par les deux hommes.
Et avant d’oser regarder, Léa entend.
Bruissement organique sous un bourdonnement sourd.
Elle croit comprendre. Malgré l’appréhension, Léa se détache d’Alain et regarde par-dessus l’épaule de Vernon. Saisie de nausée, elle fait immédiatement demi-tour, bousculant sans précaution le mobilier entassé.
Vernon aura souhaité vérifier les dires d’Alain avant de se jeter dans un hypothétique traquenard. Le voilà servi. Et plus que de raison.
Allongé sur le flanc, le cadavre leur apparaît comme animé d’une seconde vie, sa chair décomposée parcourue d’ondulations morbides. La génération nouvelle a investi chaque parcelle des restes de cet enfant. La silhouette allongée pourrait presque fournir l’effort de se relever tant elle est cahotée.
Des larves par centaines grouillent à leur festin, glissant dans les méandres d’un délice putride.
Certaines zones du crâne glabre sont équipées de plaques luisantes, encore graisseuses. Vernon constate que des trous ouvrent sur des zones particulières du cerveau en une géodésie saisissante. Il présume que par-là, des sondes ou des faisceaux optiques devaient être dirigés.
Tenaillé par le souvenir des équipements exhibés dans le sous-sol de la morgue, le Québécois ose pourtant avancer pour faire basculer le macchabée sur le dos. Le fourmillement s’intensifie un instant. Désolidarisées de leur éden, des grappes d’asticots s’affolent à ses pieds.