Battle Royale 2 : Requiem
Shuya ayant survécu au Battle Royale décide de combattre radicalement ce décret, il est entré en guerre contre son pays et "les adultes du monde" et a été déclaré de ce fait "terroriste". Des étudiants du "pire lycée de tout le pays", des "irrécupérables racailles", sont envoyés à travers le jeu télévisé Battle Royale pour régler son compte à Shuya et à sa bande d’adolescents en 72 heures............
Cet article est une sorte de droit de réponse à une oeuvre que je considère comme irrespectueuse et insultante.
Bien malheureusement, il fait de la "publicité" à ce film, que j’espère mauvaise, mais si il permet d’éviter l’achat d’un seul DVD, et vous évite de gaspiller ainsi votre argent, c’est déjà ça.
Ce film ne mérite pas vraiment de bande annonce, j’en place une seulement pour les plus sceptiques d’entre vous...
Par où commencer ? ce film est tellement une accumulation de clichés et de médiocrité en tous points de vue... difficile à croire, pour une personne commençant par Battle Royale 2, que le premier Battle Royale est radicalement d’une autre qualité ;
Petit récapitulatif coté scénario : En introduction le film débute sur des attentats détruisant des immeubles -probablement de quartier d’affaire- avec en fond sonore Dies Irae du Requiem de Verdi... jusque là les 30 premières secondes sont à peu près potables... même si le fait que Shuya soit devenu un "terroriste international" c’est déjà "plutôt limite".
Puis le jeu Battle Royale commence : une scène de distribution des armes (semblable au Battle Royale 1) qui s’éternise, le temps d’expliquer des règles qui ont quelque peu changé... mouais pas de quoi fouetter un chat... je passe les "originalités scénaristiques" (dont on se moque Royalement... c’est le cas de le dire)... passons au passage sur le fait d’envoyer sous forme de jeu télévisé des adolescents pour prendre d’assaut sur une ile un blocos "terroriste" comme si ils faisaient partie d’un commando d’élite du GIGN, là ça devient parfaitement ridicule ! ...
Bientôt les scènes de batailles de tranchées où aucun des clichés du genre "films de guerre" ne nous sont épargnés... puis vient le rapport journalier par ordre de décès sur fond de petite musique classique (pompé là aussi sur Battle Royale 1)... Shuya, en grand défenseur de sa cause n’hésitant pas à zigouiller tout ce qui bouge, dont les apprentis commandos lycéens... mais la "morale" étant sauve car, Mesdames Messieurs, il ne savait pas qu’il s’agissait d’adolescents du jeu Batlle Royale contraints et forcés de réaliser un siège contre sa "forteresse terroriste"........
Bon passons ; on ne peut pas faire pire que ces scènes d’une platitude totale ? ce n’est pas possible ? et bien si !
On retrouve donc Shuya, complètement illuminé en "ermite philosophe", tel un commandant Massoud retranché sur son ile, tenant tête avec quelques adolescents à presque toute l’armée mondiale... Je ne cite pas le commandant Massoud par hasard, la "cause afghane" (enfin une pseudo cause afghane à la sauce n’importe quoi) est beaucoup récupérée dans le film (jusque même les vêtements de Shuya) tout comme à peu près tous les autres conflits de la planète des 50 dernières années (mais vraiment, ils les citent tous), en les regardant par le petit bout de la lorgnette, en mettant tout dans le même bain à grands coups d’amalgames, et le tout pour obtenir une sorte de légitimation du terrorisme ou bien de glorification d’un faux héroïsme de "guerre" (ou de glorification d’une pseudo résistance, c’est selon... dans tous les cas c’est un ramassis de propagande de mauvaise qualité), sans aucune intelligence, sans aucun recul, sans finesse, sans prendre beaucoup de pincettes et en l’accommodant au jeu télévisé Battle Royale... c’est pathétique ;
En parlant de la "lutte terroriste" ou de la "résistance contre les adultes" (le propos repose sur une lutte entre les classes d’age, vaguement reprise du Battle Royale 1 et quasiment tourné en "mauvaise crise d’adolescence terroriste"...), leurs seuls idéaux semblent être de rester assis dans un hangar sur une ile (pourquoi ? comment ? mystère...) à philosopher sur les vicissitudes de la vie (petit clin d’oeil à V pour Vendetta qui est d’un bien autre niveau) : "Mon combat est il juste ? Suis je du bon coté ? Combien de sang avons nous déjà versé ? Combien de larmes ont coulé ?"
Dans quelle étagère ? je vous en épargne, il y en a à foison sur au moins 1h30 dans le film, si vous êtes à court de questions métaphysiques ou de propos philosophico-terroristes "méga profonds" ou bien simplement si vous êtes un terroriste en pleine crise existentielle, vous savez où piocher !
A la limite, ce film aurait pu être une sorte de critique en démontant le phénomène de création du terrorisme et le phénomène de création d’un état fasciste, peut être aussi une critique du capitalisme ou du libéralisme sauvage, ou encore, une mise en cause directe du modèle américain ou occidental : pourquoi pas ? certains l’ont déjà fait avec beaucoup de justesse à travers de très bons films, ça aurait pu peut être donner quelque chose de digeste... Mais même là, on n’y est pas du tout ! on est même très très loin... l’Afghanistan, Cuba, le Soudan, la Corée du Nord, la Chine (j’en passe, ils reprennent tous les pays "connaissant des difficultés démocratiques"...) étant décrits comme des étendards de la liberté, des pays où il fait bon vivre la douceur des rapports humains, Shuya s’y retirant après le Battle Royale 1 pour s’extasier sur "les sourires des enfants afghans après 20 ans de guerre" ("images documentaires" à l’appui)... vraiment pathétique bis ;
Alors même au bénéfice du doute, même si je tente de faire preuve de la meilleure volonté du monde, même en tenant compte qu’après tout il s’agit d’une uchronie (qu’il aurait vraiment fallu très sérieusement développer), même si les propos de fond, initialement, à la base de l’écriture, étaient peut être louables, le résultat tel quel a des relents quelque peu nauséabonds...
Dieu sait que l’on peut avoir la dent dure contre les dirigeants américains ou occidentaux, pour tout un tas de raisons, mais là, on est en plein pédalage dans la choucroute japonaise... Le passage du film avec l’intervention des Etats Unis (même si souvent le film n’a même pas la franchise de les citer vraiment directement, même un enfant de 10 ans comprendrait tous les sous entendus de caniveau) et l’intervention du premier ministre japonais (qui est décrit comme une larve) ; là, on finit de toucher le fond en raclant la cuvette des toilettes, je vous ferai grâce de vous décrire d’avantage les choses...
Je comprends que les japonais puissent avoir un rapport particulier avec les USA... après tout, pour un peuple, être entrainé dans une guerre, la perdre brutalement après des attaques kamikazes et 2 bombes atomiques, je comprends que ça puisse laisser des cicatrices à un pays ; et encore une fois, s’agissant d’une uchronie, on peut tout imaginer... mais de là à surfer sur les attentats du 11/09/2001, et à récupérer tout et n’importe quoi pour faire passer un "message" (si message il y a), non.
Sur ce film, inutile d’avancer les excuses : "c’est un délire uchronique" ou bien "c’est un délire humoristique rendant hommage à Pierre Paul Jacques" (un peu comme c’est peut être le cas pour le navet Planète Terreur de Robert Rodriguez)
Non ; Battle Royale 2 n’est pas drôle -pas même involontairement- et ne rend hommage à personne...
On ne prend pas des conflits réels, avec des morts réels, pour les intégrer dans une oeuvre de n’importe quelle façon, on ne fait pas d’amalgames foireux sous couvert d’une philosophie bas de gamme, en clair : on n’instrumentalise pas le malheur et la douleur des autres de cette façon. Il y a des limites à respecter et à ne pas franchir et ce film les franchit toutes les unes après les autres ! ce film ne mérite aucun respect et aucune complaisance, il n’en a pas lui même. Battle Royale 2 a aucun moment ne défend les ou la cause qu’il tente de mettre en exergue (si déjà il pouvait en défendre une seule ça serait bien...) ; au contraire, il insulte absolument tous les idéaux justement par une vision réductrice et caricaturale à l’extrême.
Et les acteurs... "oh my god" l’actor studio... Elia Kazan et Lee Strasberg doivent en avoir des boutons ; n’est pas Takeshi Kitano qui veut : Takeuchi Riki qui le remplace en professeur, c’est la palme d’or ! il surjoue à mort un fou furieux complètement idiot digne des bons gros meilleurs crus nanars, (avec dans ses yeux lors de l’énervement la lueur charismatique d’une huitre ; Takeuchi Riki dans tout le film en VO ça doit être quelque chose proche de la perle unique du nanar, si il y a des fins connaisseurs parmi vous ?) ; les jeunes acteurs ne font pas beaucoup plus dans la sobriété, y compris même le "héros" Tatsuya Fujiwara qui en fait des caisses, même s’il n’est pourtant pas toujours un mauvais acteur (Battle Royale, Death Note, Death Note 2 : The Last Name , Death Note 3 L : Change the World).
Irrésistible Takeuchi Riki, exemple parfait d'un jeu d'acteur discret et sobre, parce qu'il le vaut bien (il en vaut 10 même) :
Oui oui, c'est un seul et même film...
La réalisation n’est pas vraiment mauvaise, elle est dans la lignée du reste : dans la facilité... Kinji Fukasaku étant décédé pendant le tournage, son fils Kenta l’a remplacé ; mais au vu de tout ce qui précède, je me demande même ce que Spielberg, Cameron ou Carpenter auraient pu faire de cette daube de scénario et de ces dialogues pitoyables...
Bref, sous couvert de créer une oeuvre pseudo politique et faussement philosophique, s’éloignant même du roman initial, ce film fait vraiment tomber bien bas le concept Battle Royale, le tout dans une démesure, une exagération, une prétention et même une mégalomanie complètement idiote, un gros gâchis... J’avais la curiosité de voir jusqu’où il irait dans la récupération des malheurs, et il va trop loin.
J’arrête là et je crois bien ne pas avoir listé tous les défauts de ce Battle Royale 2... Franchement ce film raté est à éviter, vous allez perdre votre temps.
Dans le meilleur des cas, c’est insipide, dans le pire, ça a très mauvais goût : du nanar et même pas sympa ! en plus il dure 2h15, non vraiment, pitié (2h35 en Director’s Cut : Au secours !!!)... poubelle et vite.
Les japonais ont déjà été plus inspiré : Battle Royale 1, Avalon, Death note, Ghost in the Shell, Jin Roh la Brigade des Loups, les diverses créations de Mamoru Oshii, toutes les oeuvres si poétiques de Hayao Miyazaki... Pour ne citer que dans le domaine de la SF ; Ce sont, entre autre, ces oeuvres qu’il faut garder à l’esprit du cinéma japonais.
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—Voilà un sérieux candidat pour le pire film de la catégorie Poubelle ! et accessoirement aussi pour le pire film japonais toutes catégories confondues depuis la création du cinéma... il frappe fort celui là ;