Religion
Pour le fan de SF, la religion n’est bien souvent, au mieux, qu’un élément du décor. Plus enclin à penser que la vie sur terre est née d’une expérience réalisée par des extra-terrestres plutôt que le résultat de la volonté d’un Dieu quelconque, le fan de SF s’intéresse davantage aux recherches sur les origines du Big Bang et au décodage de l’ADN qu’au blasphème que de tels sujets peuvent représenter pour certains religieux... En revanche, dès qu’on lui parle d’exorcisme, d’antéchrist, de Sauron ou de Torak, le fan de SF dresse l’oreille, prêt à se transformer en amateur de fantastique ou de Fantasy... Etonnant, non ?
Pour les plus grands esprits scientifiques, l’existence de Dieu est une vraie question, à laquelle ils répondent d’ailleurs souvent par l’affirmative. Pourtant, nombreux ont été les auteurs de SF à imaginer un avenir dans lequel la religion a fini par disparaître, purement et simplement, de Star Trek* à Star Wars.
De manière générale, la religion semblent absente de la quasi totalité des futurs où règnent la technologie, qu’ils soient cyberpunk ou pas. Pas de trace de Dieu ou de foi dans Bienvenue à Gattaca, dans Minority Report, Johnny Mnemonic ou encore Blade Runner. A tel point que parfois, comme dans I Robot, l’enjeu du film peut même être la réapparition d’une forme de religion !
Et lorsque le futur devient totalitaire , comme dans 1984, Dieu n’a plus sa place, pas plus d’ailleurs que dans des sociétés ayant suivi une voie différente, telles que celles décrites dans des films aussi différents que L’Age de Cristal ou THX1138.
Il en va de même dans les films post-apocalyptiques. Quand il faut lutter quotidiennement pour sa survie, il ne reste plus beaucoup de temps pour prier, que ce soit dans Mad Max ou dans Postman. de ce point de vue là, un film comme Le Livre d’Eli qui replace la religion au contre du scénario, fait figure d’exception.
Et dans tous les cas ou presque, s’il y a une religion, elle est généralement montrée sous ses aspects les plus négatifs, ceux de l’oppression et /ou du fanatisme. C’est le cas par exemple dans Equilibirum ou dans Priest.
Même dans la littérature, rares sont les exemples de romans dans lesquels la religion joue un rôle important. On pourrait citer Dune ... mais il ne faudrait pas oublier l’ambigüité de la prophétie annonçant l’arrivée de Paul, implantée par les soeurs Bene Gesserit pour renforcer leur pouvoir ! Plus récemment toutefois, on a vu revenir la religion sous un angle un peu différent, au travers de romans de Dan Simmons (la saga d’Hypérion) ou d’Orson Scott card (la saga d’Ender), par exemple. Mais la plupart du temps, les auteurs de SF (considérant peut être qu(’il s’agit d’un terrain miné ?) s’essaient à imaginer des religions extra-terrestres, plus ou moins éloignées de celles que nous connaissons**. Même quand Roger Zelazny évoque les dieux de la mythologie indienne dans Seigneur de Lumière, il ne s’agit que de colons humains ayant poussé suffisamment loin la technologie pour se donner l’apparence de la divinité.
En revanche, dès qu’on aborde le fantastique, la religion se retrouve bien souvent au premier plan. On ne compte plus les films et les romans sur le thème de l’’exorcisme, des adorateurs de satan, de l’antéchrist (Rosemary’s Baby, L’Exorciste, La Malédiction, Holocauste 2000, L’Elue... et des centaines d’autres !). Et cela ne se limite pas à la religion catholique ! Un auteur comme Graham Masterton, suite au succès phénoménal de son premier roman, Manitou, en a fait son fond de commerce. Divinités indiennes, celtes, orientales (Le Djinn, Tengu), mayas, nordiques (Hel, Walhalla)... toutes les mythologies y passent, ou presque ! Mais à la différence de la SF, le fantastique ne prétend pas donner de leçons ou tirer des sonnettes d’alarme quant à notre avenir, d’où une liberté de ton accrue, sans doute.
En matière d’imagination, toutefois, personne ne peut rivaliser avec les écrivains de Fantasy, qui inventent des dieux et des religions comme les auteurs de SF inventent des vaisseaux spatiaux ou des machines à explorer le temps ! C’était déjà le cas avec le fondateur du genre, Tolkien, mais d’autres sont allés, beaucoup, beaucoup plus loin, imaginant des cosmogonies complexes mais cohérentes, dans lesquelles toutefois les dieux les plus malfaisant occupent généralement une place privilégiée ! la Belgariade et La Mallorée, de David Eddings, en sont un des meilleurs exemples.
Même les comics ne sont pas épargnés. Chez Marvel, on n’hésite pas à opposer Thor à Hercule dans des combats homériques. Et chez DC, on est allé jusqu’à créer les "nouveaux dieux", créés il est vrai par un transfuge de Marvel, le célèbrissime Jack Kirby !
On pourrait multiplier les exemples et les références presque à l’infini... mais on vient bien la différence fondamentale entre la SF d’une part et les autres domaines de l’étrange de l’autre. De par ses origines et sa nature, la SF se refuse à aborder la question de Dieu... sauf lorsque l’auteur ou le réalisateur se risque à aller aux limites de la science, du possible, de l’absolu ou de l’infini, qu’il soit spatial, temporel ou quantique. Là, inévitablement, la question se repose...
* Du moins dans la série d’origine ** A l’exception notable de Norman Spinrad dans Les Miroirs de L’Esprit, qui s’attaque bille en tête à la Scientologie ! Mais s’agit-il réellement d’une religion ?
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