Extraits du roman Calvaires
Le premier vous donnera une idée de l’ambiance et des thèmes fantastiques évoqués. Le second aussi ... mais avec un humour très présent dans une grande partie du roman, ce qui constitue selon Eric Chesneau sa "marque de fabrique" et ce qui confère à Calvaires une originalité certaine. Mais jugez-en par vous même en lisant ces deux extraits. Et si vous voulez découvrir ce qui se passe avant, entre les deux, et après ... achetez le roman !
fait, vous permet de réagir. Certaines personnes sont frappées, et je pèse mes mots croyez-le bien quand je dis « frappées », d’insensibilité congénitale. L’explication semble résider, chez ces personnes, dans l’absence de fibres entre les nocicepteurs et la moelle épinière.
Je hoche la tête, ne sachant ce qui est préférable : mourir jeune sans s’en apercevoir ou crever vieux en souffrant.
Finalement, je suppose que mieux vaut mourir vieux sans souffrir...
Je repense à la secrétaire de Le Guillou, à son sourire ravi alors que son corps brisé gisait sur son brancard. Ses yeux clairs noyés de pluie mais pas de larmes. Son calme... Etait-elle encore sous le choc ou appartenait-elle à l’un de ces rares Français frappés d’insensibilité congénitale ? Ils seraient à peine une vingtaine en France, selon Bourguignon.
Je ne voudrais pas paraître impoli, mais je ne vois toujours pas le rapport avec feu Johanny dont la dépouille a été enlevée et remplacée par le cadavre volant d’un malheureux toutou dont le seul tort, sans doute, fut de naître avec une toison d’ébène. Bourguignon semble le remarquer...
— Johanny, votre grand oncle s’intéressait également de près à la douleur. Très jeune, il avait été victime d’un accident...
Tiens, je l’ignorais. Ceci dit, j’ignore à peu près tout de feu tonton.
Je lui avoue honnêtement.
Bourguignon me fixe de ses yeux de vipère. Ses mini-boudins blancs, dont l’adiposité tranche avec son corps d’athlète, martèlent en silence le plateau de bois sur lequel gisent les cadavres de papillons.
— Vous savez peut-être - je ne sais pas pourquoi, mais je prends le peut-être en pleine figure, comme si le mot recelait quelque subtile note de désapprobation - que Johanny était ingénieur chimiste de profession. Mais il n’a jamais exercé réellement sa profession. Du moins, pas dans le sens où les