Invasion
Alors que des événements étranges semblent se multiplier, un sheriff proche de la retraite enquête sur l’un deux... Au japon, une jeune scientifique voit sa compagne astronaute disparaître dans l’espace... En Aghanistan, un soldat américain se retrouve seul après que son escouade ait été mystérieusement exterminée... en Grande Bretagne, un jeune épileptique victime de harcèlement se retrouve isolé avec un groupe d’étudiants après l’accident inexplicable de leur bus... et aux Etats Unis une famille d’immigrés est sur le point de se disloquer à cause de l’infidélité du père. Peu à peu, chacun va se rendre compte qu’ils font face à une situation extraordinaire et dramatique, la terre ayant apparemment subi une attaque de mystérieux extra-terresres...
Aujourd’hui, avec un sujet aussi rebattu que celui de l’invasion extra-terrestre (on pourrait citer, rien que pour les séries Les Envahisseurs, V - Les Visiteurs et son remake de 2009, Invasion Planète Terre, Threshold : Premier Contact, Falling Skies, The Event, La Guerre des Mondes... et encore, il ne s’agit que des meilleures !), il vaut mieux essayer de trouver un angle original !
De ce point de vue-là, Simon Kinberg a un peu fait le tour de la question, que ce soit comme scénariste ou comme producteur. Il est certes un bon spécialiste des blockbusters de super-héros, avec tout ce que cela implique de formatage et de prévisibilité... Mais si on regarde son travail sur les séries, on découvre qu’il est à l’origine de l’excellente série d’animation Star Wars Rebels, mais aussi de The Gifted et surtout de Legion, deux séries tirées de l’univers Marvel, dont la première était assez originale et dont la dernière s’est avérée particulièrement étonnante, à la fois créative et perturbante...
Kinberg n’a pas peur de tenter des choses nouvelles, au risque que ses séries ne soient pas renouvelées. Et après l’annulation de sa série The Twilight Zone (il fallait oser se mesurer à ce monument de la SF classique !), il s’est lancé dans l’aventure d’Invasion.
Et plutôt que de céder aux codes - qu’il connaît bien - des blockbusters et des films d’action, il a choisi de prendre le parti inverse ! Un pari très ambitieux...
Pas d’action, donc, ou si peu... car voilà une invasion extra-terrestres sans extra-terrestres ! Ou du moins, vous ne les apercevrez pas avant le dernier épisode de la première série.
Et plutôt que de s’intéresser à un héros qui va sauver le monde, la série suit plusieurs personnages plus ou moins ordinaires... la partenaire d’une astronaute ayant fait partie des premières victimes de l’arrivée des aliens, une famille dont le couple se déchire, un soldat ayant perdu toute son escouade et qui n’a plus qu’une idée en tête : retrouver sa femme, , un groupe de jeunes livrés à eux-mêmes après l’accident de leur car... et un vieux shériff proche de la retraite, mais qui n’aura pas le temps d’en profiter, hélas !
C’est dommage d’ailleurs, s’agissant de ce dernier car le regretté Sam Neill était un acteur qu’on avait toujours plaisir à voir à l’écran... mais les autres acteurs de la série ne déméritent pas pour autant, bien au contraire. Shioli Kotsuna (qui avait fait quelques apparitions hilarantes en Yukio dans Deadpool 2) est en effet excellente dans un rôle et un registre beaucoup plus dramatique. Mais on pourrait en dire autant de Goldshifteh Farahani, actrice franco-iranienne peu connue du grand public mais à la carrière déjà riche et partagée entre Paris et Hollywwod, et de Shamier Anderson, bien connu des fans de la série Wynonna Earp (western fantastique dans lequel la fille de Wyatt Earp lutte contre des revenants avec l’aide de l’immortel Doc Holliday).
Mais le véritable atout de la série, c’est son ambiance. Avec une photographie de grande qualité et une bande son souvent étrange mais très prenante, le côté post-apocalyptique devient très vite oppressant... et frustrant par bien des aspects, ce qui explique que la série ait souvent été critiquée pour sa lenteur et son absence d’action, avec des aliens qui sont généralement hors-champ ! Ces critiques, quoi que justifiées, s’expliquent par le fait que Simon Kinberg a fait le pari de s’intéresser à ses personnages, plutôt qu’aux extra-terrestres. De ce point de vue, la série peut s’apparenter à une série comme Lost, dont l’intrigue principale avançait très lentement, pendant qu’on approfondissait la psychologie de ses personnages avec de nombreux flashbacks.
Alors oui, pour être honnête, il ne se passe pas grand chose dans cette première saison ! Mais cela n’empêche pas la série d’être très prenante er de poser de nombreuses questions sur la manière dont l’être humain peut réagit dans des circonstances extrêmes. Quant aux critiques portant sur une éventuelle propagande wokiste, elles sont largement exagérées, voire infondées (pour une fois). On a vu largement pie, dans le genre !
Ce côté contemplatif et esthétisant pourra plaire ou ne pas plaire... Mais ça change, et ça donne envie de découvrir ce que nous réserve la deuxième saison, sur la forme comme sur le fond !
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