La Planète des Singes
On a du mal à imaginer le rôle majeur, dans l’histoire du cinéma de SF, de la première version de La Planète des Singes, en 1968. Avec 2001, l’Odyssée de l’Espace, c’est sans doute le film qui a fait le plus pour populariser le genre, tout en lui donnant ses lettres de noblesse. Rappelons que le film avait donné lieu à 4 suites et une série TV ! Il fallait donc un géant du cinéma pour oser s’attaquer à un tel mythe et Tim Burton en est un. Mais malgré ses efforts, son remake reste loin derrière l’original...
On sent bien que Tim Burton a fait de son mieux pour apporter au scénario original quelques nouveautés et nous réserver quelques suprises ... hélas, sans succès.
C’est sans doute la raison pour laquelle le film débute dans un station spatiale, dans laquelle des singes sont entrainés à piloter de petites capsules en suivant un plan de vol bien précis. Mais lorsque son singe disparaît dans une anomalie spatiale, le capitaine Leo Davidson tente d’aller le secourir ... et finit par se crasher sur une planète inconnue, sur laquelle les singes sont la race dominante et les humains leurs esclaves. Là, il va faire la connaissance de singes dont la haine des humains confine au fanatisme ... mais aussi de singes à l’esprit ouvert et tolérant, prêts à accueillir les humains en égaux au sein de leur société. Il va donc mener un combat pour sa liberté et celle des siens ...
Rien de bien nouveau dans ce film... et c’est bien là son principal défaut pour ceux qui connaissent l’original ! Autant on peut le considérer comme un bon film d’action (parmi d’autres ...) pour les jeunes générations, autant il apparaît comme décevant pour les autres et encore plus pour les fans du réalisateur de Beetlejuice, Batman, Mars Attacks, Edward aux Mains d’Argent et bien d ’autres films géniaux !
Certes cette Planète des Singes reste un bon divertissement, avec des acteurs qui font correctement le métier, des maquillages parfaitement réussis (notamment ceux de Tim Roth et d’Helena Bonham Carter), de l’action et du suspense ...
Mais malheureusement, les quelques nouveautés introduites par Tim Burton par rapport au film de Franklin Schaffner se traduisent par un affaiblissement du scénario, qui devient moins crédible et perd sa dimension "philosophique".
Car dans cette version moderne, les humains n’ont pas perdu la faculté de parler. Et les singes, en revanche, ont conservé une certaine animalité, particulièrement évidente dans leur manière de se déplacer, pour certains quasiment à quatre pattes, quand ce n’est pas de liane en liane dans les arbres... Du coup, on a du mal à comprendre par quel miracle les humains ont pu perdre leur suprématie !
Et alors que dans la version originale, les humains et leur esprit guerrier et agressif n’avaient finalement obtenu que ce qu’ils méritaient, la civilisation des singes étant décrite, par certains aspects, comme plus sage, cette version nous montre à l’inverse des singes détestables et dépourvus de toute noblesse (à l’exception d’une minorité), les humains n’étant que les innocentes victimes de leur sauvagerie ... un peu facile, et décevant de la part de Tim Burton, qui aurait peut être du prendre le temps de lire le roman de Pierre Boulle ... ou refuser purement et simplement de réaliser ce blockbuster de commande !
Certes, il était louable de la part du réalisateur de rendre hommage à l’original en donnant un rôle à Charlton Heston et à Linda Harrison (qui interprétait sa compagne Nova, à l’époque) ... et il était plutôt habile de sa part de dénoncer les opinions politiques de l’acteur, en lui donnant un rôle de vieux conservateur tout à fait conforme à ses prises de position dans la vie réelle (Charlton Heston étant à la tête du lobby en faveur de la détention d’armes à feu aux Etats Unis) ! Mais ça reste un propos un peu léger et sans aucun rapport avec le scénario et le message du film de 1968.
Quant à la fin du film ... impossible de comparer la scène mythique de la découverte de la Statue de la Liberté avec celle du retour sur terre du héros interprèté par Mark Whalberg, bien trop prévisible et par ailleurs dépourvue de sens.
Peter Jackson a réussi avec son remake de King Kong à passionner des millions de spectateurs pour un film au scénario archi-connu... Tim Burton n’aura pas réussi le même exploit. Mais cela permet aussi de prendre conscience de la quasi-perfection du film de Franklin Shaffner, qui reste inégalé et inégalable quarante ans après !
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